En route pour une nouvelle année {Fit Luny}

C’était l’heure. Elle avait reçu la lettre depuis plusieurs temps, des années avant son onzième anniversaire. Et cette fois ci, durant l’été, c’était simplement le renouvellement de la lettre, pour les nouveaux besoins scolaires, ce qu’elle avait besoin d’acheter cette année-ci. Elle n’avait jamais voulu recevoir la toute première lettre, même si ses parents avaient le sang des sorciers dans leurs veines, même si elle était une sorcière, elle n’en avait pas voulu recevoir la lettre alors que lui, lui, il ne la recevra jamais alors qu’il était sorcier lui aussi… mais que par mégarde, avant que cela ne se sache “réellement”, il était mort. Elle soupira. C’était le temps maintenant. C’était le temps de partir, de retourner là-bas, de faire face aux autres, faire face à ceux qui ne pouvaient pas comprendre que l’on ne veuille pas apprendre à faire de la magie, mais que l’on voulait être le meilleur à la fois. Ceux qui ne comprenaient tout simplement pas la contradiction et les paradoxes. Mais faisaient-ils seulement un effort pour comprendre ? Elle en doutait.

Elle sortit de chez elle, se dirigea vers la voiture et attendit. Elle attendit que son père arrive et la conduise là-bas, vers ce qu’elle décrivait en général comme un peu l’enfer, un peu le paradis, un peu l’image du tourment intérieur qui faisait rage sans que personne ne puisse le voir. Elle attendit qu’il se montre au pied de la porte et elle eut un soupir. C’était toujours pareil. Ils ne se parlaient pas. Ils ne se parlaient plus. Ils n’étaient plus que les fantômes d’un passé dans lesquels ils étaient ensembles. Et ce passé, elle ne parvenait pas à s’en détacher, elle ne parvenait pas à l’oublier. Elle ne parvenait pas à oublier ces quelques petites années, peut-être trois, de grande complicité, avant que tout bascule, que tout dégénère, que tout ne soit plus rien d’autre qu’une alternance entre la complicité et le silence. Elle se souvenait de ces rares instants de complicité complète, sans aucun filtre, sans rien pour l’entacher et le pire, c’est que s’en souvenir et voir où c’était rendu maintenant, ça lui faisait bien mal. Mais elle ne le disait pas.

Il finit par sortir et se diriger vers l’auto, en lui faisant par la même occasion signe de rentrer dedans pour qu’ils puissent se rendre à la gare, afin de ne pas être en retard pour le premier jour. Et ils partirent en route. Le silence total dans la bagnole, pas même de la musique pour combler cela. Ils laissaient le silence prendre toute la place désirée et elle, elle s’assurait seulement que les “gants” qu’elle avait, le type de truc donné par les modlus qui cachait une petite partie du bras, mais qui s’arrêtait au milieu de la paume, et qui laissait une place pour que le pouce ne soit pas recouvert par le tissu, elle s’assurait que ça cache bien les cicatrices récentes sur son poignet. Lysisas sursauta lorsque quelque chose de léger, mais avec un certain poids tout de même, lui atterrit dessus, mais elle eut un doux sourire quand elle reconnu son chat, d’une couleur turquoise.

Ils finirent par arriver à la gare et avec son chariot, elle s’en alla, sans prendre la peine de dire au revoir à son paternel, son chat la suivant, ne la perdant pas une seule seconde de vue. Elle adorait cette boule de poils qui la suivait partout. Sans attendre, elle fonça là où elle devait foncer et se retrouva ainsi à la gare 9¾. La jeune fille ne perdit pas de temps et monta dans le train pour trouver une cabine vide, ce qui ne fut pas chose difficile puisqu’elle était dans les premières arrivées. Et elle joua tout le long avec le chat qui finit par se coucher sur le siège, à ses côtés, quand une autre étudiante entra dans le compartiment. Cette dernière sembla demander l’autorisation de s’asseoir, et Lysias lui donna. Elle ne comptait pas nouer le dialogue, mais son amour de chaton ne semblait pas du même avis parce qu’il sauta sans attendre sur les genoux de l’autre jeune fille et regarda l’animal sur ses épaules en donnant des coups de pattes joueurs. Lysias le prit et le garda sur elle.

To be continued ...